Berry médiéval A la découverte de l’Indre au Moyen Age

De la chute de l’Empire romain d’Occident (476) à la découverte de l’Amérique (1492), et même, dans notre France profonde, à l’écart des modes venues d’Italie, quelques décennies plus tard, c’est plus de mille ans de luttes et de désastres, mais aussi de progrès dans la condition des personnes, dans les techniques agricoles, artisanales et architecturales, de développement des villes et du commerce.

Une exposition à portée de tous

Si les érudits et amateurs d’objets anciens (les « antiquaires », disait-on) ont fouillé notre passé, il restait à produire des synthèses facilement accessibles à partir des archives originales, manuscrits souvent difficilement déchiffrables par l’écriture (minuscule caroline ou gothique) et par la langue (latin ou ancien français). Cet effort a été fait par les concepteurs de l’exposition « Berry médiéval. A la découverte de l’Indre au Moyen Age », dans une exposition en 12 panneaux présentée aux Archives départementales du 19 septembre au 31 décembre, puis itinérante dans les établissements scolaires et les bibliothèques locales.

Une pédagogie interactive

L’exposition utilise au maximum les sources iconographiques : sceaux, miniatures, objets et monuments.

Le recours à l’image est nécessaire pour présenter « Les églises : monuments d’art et de foi » : exemples d’architecture, de Fontgombault à Mézières-en-Brenne, de peintures murales, comme les fresques de Vic ou de Douadic, d’objets du culte comme les châsses de Saint-Marcel. C’est avec « Spirituel et temporel : le monde des moines », que les chartes anciennes vous feront rentrer dans ce qui fut longtemps le seul centre de transmission du savoir et de la pratique de l’écrit. Les élèves feront même sur ce thème quelques séances de calligraphie pour retrouver le geste et l’effort du scribe (« Trois doigts écrivent, mais c’est tout le corps qui travaille », disait-on).

Le monde des chevaliers n’est pas moins captivant que celui des clercs : les seigneurs depuis le Xe siècle possèdent des droits régaliens, conduisent les hommes à la guerre, rendent la justice, battent monnaie, leur château est un centre militaire et administratif : l’idéal chevaleresque et la hiérarchie féodale sont des éléments du système, le vassal reçoit de son suzerain une terre et des revenus pour lesquels il lui doit hommage. Là encore, par une pratique participative, les élèves pourront mouler des sceaux de seigneurs pour détailler leur équipement et leurs armoiries.

A partir de 1200, le Berry aquitain correspondant à l’actuel département de l’Indre rentre dans la dépendance du roi de France, de plus en plus présent par sa monnaie, ses actes, ses monuments, comme la Tour Blanche d’Issoudun, commencée par Richard Coeur-de-Lion et terminée par Philippe Auguste. C’est « L’âge d’or des châteaux forts » dont beaucoup subsistent aujourd’hui.

A la même époque se développent les villes, lieu d’échanges et d’activités artisanales, même si l’écrasante majorité de la population reste rurale : marchés et foires enrichissent les seigneurs qui accordent des franchises, les premières libertés municipales.

Objets et documents précieux

L’exposition itinérante se limitera à des panneaux, d’ailleurs abondamment illustrés, mais la présentation aux Archives départementales y ajoutera des documents et des objets précieux, de nos propres fonds ou prêtés par la bibliothèque ou le musée de Châteauroux. Le visiteur pourra, au son du chant grégorien, se recueillir devant la châsse en émail limousin de Sazeray ou l’antiphonaire des Cordeliers, riche recueil de pièces liturgiques ou « antiennes », examiner l’armure d’un chevalier, compter des yeux la monnaie déoloise, meubler virtuellement son intérieur avec un coffre gothique, le meuble essentiel d’une demeure de l’époque, ou encore rêver devant des pierres sculptées de l’abbaye de Déols à la majesté du sanctuaire détruit...

Marc du POUGET
Directeur des Archives départementales et du Patrimoine historique de l'Indre